Derrière cette phrase prononcée aujourd’hui dans l’Evangile par Jean le Baptiste, trois réalités sont présentes : l’agneau pascal, le serviteur du Seigneur et enfin l’agneau céleste. L’expression « agneau de Dieu » est une métaphore mettant en scène un animal qui vient de Dieu. Cette métaphore a deux arrière-fonds dans l’Ancien Testament : l’agneau pascal et le chant du serviteur d’Isaïe 53. Lorsque Dieu décide de délivrer son peuple captif de l’Egypte, il ordonne aux Hébreux d’immoler un agneau par famille, de le manger et de marquer de son sang les montants des portes de leurs maison. Grâce à ce signe, les Hébreux sont épargnés de la mort venue frapper tous les premiers-nés d’Egypte. La tradition juive enrichit ce thème en donnant au sang de cet agneau une valeur rédemptrice.
Un prolongement de la méditation sur l’agneau pascal se retrouve dans le quatrième chant du Serviteur d’Isaïe 53. Un personnage, le mystérieux « Serviteur du Seigneur » est conduit à la mort comme un animal innocent : « oppressé, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau amené à la boucherie, comme une brebis muette devant ses tondeurs, il n’ouvre pas la bouche » (Is 53,7) alors qu’il porte le péché des multitudes. Le livre de l’Apocalypse (Ap 5-6) reprend cette métaphore de l’agneau en la retournant complètement. L’auteur du livre – saint Jean l’évangéliste – établit un contraste entre la faiblesse de l’agneau immolé et la puissance qu’il reçoit au ciel : sa victoire sur la mort a libéré le peuple de Dieu, captif des puissances du mal. Sa colère plonge ces puissances dans l’effroi. L’agneau ne retrouvera sa douceur première que lorsque seront célébrées ses noces avec la Jérusalem céleste, l’Eglise (Ap 19,7.9) : « heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ! ».
P. Philippe Cazala