Messages du père Albert Gambart

Cette énergie se nomme espérance ! message du 8 mai 2020

Chères amies, chers amis ! 

Le confinement touche-t-il à sa fin ?  Nous l’espérons tous, car il est vraiment difficile, ce temps que nous vivons, dont l’issue demeure incertaine.  Cependant, il nous faut aller de l’avant, et trouver assez d’énergie pour croire en la vie !  Où pouvons-nous la trouver, cette énergie ? Quelle est-elle ?  Moi, je la trouve dans ma foi dans le Christ, et elle se nomme « Espérance » ! 

A la paroisse, ces mois de mars et d’avril, nous avons maintenu l’église ouverte largement !  C’était une sensation étonnante que cette grande église ouverte, sans célébration !  Comme une attente, une soif !  Sensation plus étonnante encore pour nous prêtres : célébrer la messe sans votre présence à tous !  Et puis ces célébrations d’obsèques qui ont ponctué ces dernières semaines : tellement peu de personnes,  et même une célébration avec uniquement le prêtre et le cercueil !  Cela provoque un sentiment de vide ! Où est Dieu en tout cela ? Cela me rappelle une parole lue dans un livre qui contait l’histoire de deux amis marchant dans les rues d’une petite ville de Bretagne.  En chemin, ils croisent une femme portant un enfant très handicapé !  Le premier demande à l’autre : « où est Dieu dans tout cela? »  Le second lui répond : « dans les bras de cette femme » ! Dans l’église, il y a une statue de la « Pieta » qui me rappelle exactement cette phrase.  Je le crois :  Jésus est mort pour nous, nous donnant tout son amour !  Marie sa mère l’a reçu dans ses bras gardant la foi en ce moment où toute espérance paraît morte.  Ressuscité, Jésus nous donne pour toujours tout son amour. Lui qui est vivant, il fait naître en nos âmes une invincible espérance !

Alors oui !  Vous étiez tous là quand nous célébrions la messe !  Et il faudra que nous nous en souvenions !  Communier, c’est communier au Christ qui nous donne tout son amour !  Parce que nous communions au Christ, nous pouvons communier entre nous !  Et les messes que nous célébrions n’étaient pas un privilège accordé à quelques prêtres.  Elles étaient ce vent d’Espérance, qui soufflait jusque dans vos maisons ! Un autre souvenir fort de ces mois passés, c’est la distribution quotidienne à midi devant l’église de « sachets-repas » Cela a été réalisable grâce à l’engagement de celles et ceux qui allaient chercher la nourriture, de celles et ceux qui la mettaient dans les sacs, de celles et ceux qui l’amenaient sur les lieux de distributions, de celles et ceux qui distribuaient cette nourriture, de celles et ceux qui la recevaient !  C’est formidable de voir l’efficacité de la communauté !  Cela m’a parlé très fort du véritable visage de l’Église, Épouse du Christ !  Elle donne la vie !

Le corps du Christ c’est nous tous !

Bientôt, nous allons reprendre une vie normale !  Nous allons éditer une feuille paroissiale avec nos annonces en vue de la sortie du confinement. Petit à petit, notre église saint Médard va  à nouveau se remplir, et résonner de nos chants !  C’est avec une joie toute nouvelle que nous allons retrouver la messe. Cependant, gardons en mémoire ce temps passé et le sentiment de manque qu’il a généré !  Si ce manque a ravivé notre désir de recevoir le corps du Christ, il nous rappelle aussi une grande vérité !  Nous ne communions pas pour un confort individuel, mais bien pour que se construise le corps du Christ qu’est l’Église.  Et le Corps du Christ, c’est chacun de nous qui croyons en lui, et qui vivons de sa vie, de son amour, de son pardon.  Le Corps du Christ, c’est nous tous rassemblé, vivant d’un même Esprit et servant d’un même cœur le plus petit !

Provenant du livre des Nombres dans la Bible, voici le texte d’une belle bénédiction. Qu’elle vienne se poser sur chacun de vous et sur vous tous : 

« Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! »

Père Albert Gambart


Un petit clip sur la Semaine Sainte :


Des fenêtres à ouvrir ! message du 2 avril 2020 :

Chères amies, chers amis,

Au début de cette pandémie qui nous touche si durement, je vous écrivais : « Cet avenir proche nous fait peur comme un impossible désert à traverser ! » Cette comparaison d’un déplacement peut paraître curieuse, alors que nous sommes confinés et contraints à l’immobilité ! Et si cette immobilité nous mettait en mouvement ? Dans une telle situation, soit on subit la crise en « entrant en hibernation » pour se réveiller lorsque les temps seront meilleurs, soit on choisit de vivre le temps présent du mieux que l’on peut.

Alors, des fenêtres s’ouvrent dans notre vie ! Ainsi, nous devenons plus attentifs à notre entourage familial ou amical. Nous nous inquiétons pour les plus fragiles, et nous téléphonons ! Des liens se reconstituent ; les mots « amis » ou « Familles » retrouvent une saveur inattendue !
Une initiative à laquelle la paroisse saint Médard s’associe montre bien cette ouverture : en effet, plus d’une vingtaine de paroisses participent à la distribution de repas chaque midi aux personnes de la rue.  Cela fait suite à un appel de notre diocèse et à une sollicitation de la Ville de Paris, afin de distribuer ces repas préparés par diverses associations. Il y a aussi les personnes accueillis par « Hiver Solidaire ». Elles sont désormais hébergées en hôtel, dans l’attente d’une solution pérenne. Je pense aussi à toutes ces personnes, soignants, commerçants, routiers, policiers et tant d’autres qui exercent leur métier au risque de leur santé, nous permettant de supporter et de traverser cette épreuve. Tant de participants à une œuvre commune pour le bien de tous me font penser à la parole des anges aux bergers au jour de Noël : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! »

Le risque du confinement imposé est grand, car il pourrait générer un désert spirituel, ou chacun se referme sur lui-même, sur ses colères, ses peurs, ses amertumes, comme s’il était en prison.   L’émouvante bénédiction Urbi et Orbi du pape, depuis la place saint Pierre, déserte et pleurant sous la pluie, a touché au cœur des millions de gens à travers le monde entier ! Cette bénédiction nous invite à veiller et à prier ! Elle ouvre une fenêtre sur l’Essentiel. Où trouvons-nous la source et la force de notre action ? En cet Amour qui vient de Dieu, ou dans le désir de réussir ? Qu’est-ce qui est premier pour nous ? La personne humaine image de Dieu, ou la bonne santé de l’économie ?

Nous tous, catholiques, nous souffrons de ne pas pouvoir participer aux célébrations habituellement si fortes de la Semaine Sainte ! Une Semaine Sainte à la maison, comment est-il possible ? Un dimanche des Rameaux sans rameaux ! Mais cela ne doit pas nous conduire à la morosité ou à la mauvaise humeur. Rappelons-nous le psaume 50 : « Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas ! Le sacrifice qui plaît à Dieu c’est un esprit brisé ! Tu ne repousses pas, ô Mon Dieu, un cœur brisé et broyé ! » Et voilà une troisième fenêtre qui s’ouvre ! Nous avons le cœur brisé par cette situation. C’est cela que le Seigneur nous demande de lui offrir. Et dans ce renoncement à ce qui nous est si cher, nous nous unissons à la Pâque du Seigneur pour le Salut du monde, nous faisons corps avec lui pour le bien de notre monde.

Le temps de la célébration reviendra ! La cathédrale Notre Dame de Paris est toujours debout, blessée et soutenue de toute part ! On ne peut plus se rassembler dans ce lieu sublime mais viendra un jour où elle Notre dame resplendira à nouveau, invitant le peuple de Dieu à la joie et à la fête en une formidable célébration ! C’est là une image de l’Église toute entière. En ce temps d’abstinence, nous ne pouvons plus célébrer en nos églises. Ces lieux de notre rassemblement souffrent aussi du Virus qui nous écarte les uns des autres ! Puissions-nous vivre ce temps comme la purification de nos relations !  Un temps où l’Essentiel retrouve sa place, temps du pardon reçu et du pardon donné ! Alors nos célébrations futures seront rayonnantes de l’Esprit du Père et du Fils qui nous unira tous dans une paix, une joie formidable. Alors un « Alléluia » pascal comme nous n’en avons jamais vécu jaillira de nos poumons et résonnera par toute la terre !

Père Albert Gambart


Comme un désert à traverser, message du 18 mars 2020

Chères amies, chers amis,

Le moment que nous vivons est inédit. Cette épidémie qui embrase le monde évoque l’image forte de l’incendie de Notre Dame ! C’était d’abord une petite fumée, puis en un rien de temps, les flammes ont tout envahi. Quand la flèche est tombée, nous nous sommes dit que l’édifice était perdu ! Le courage des soldats du feu, d’abord dépassés, puis de plus en plus efficaces, a permis que ce sombre destin ne se réalise pas.

Ce qui nous arrive aujourd’hui a démarré doucement, comme une très lointaine nouvelle, une petite fumée qui touchait la Chine, mais qui serait sans conséquence pour nous. Et puis, l’incendie a démarré, et le voilà maintenant chez nous ! Nous sommes contraints d’en subir les méfaits : plus de travail, d’école, d’université, plus de vie de famille ni de rencontre d’amis ! Et puis, des malades : des proches ou bien nous-mêmes.

Pour nous, chrétiens, un autre grand sujet de tristesse est de voir nos églises vivre au ralenti : plus de messes, baptêmes et mariages reportés à une date inconnue ! Certains peut-être voudraient y voir un châtiment, d’autre une fatalité, mais dans les deux cas, nous risquons d’y perdre notre Espérance. Dans l’incendie de Notre Dame, pour sauver l’édifice, les pompiers ont décidé de se surpasser. Et ils ont gagné ! La reconstruction est à notre portée !

Tout est bouleversé ! L’emploi de notre temps personnel, les relations entre nous, les relations à Dieu. Cet avenir proche peut paraître comme un impossible désert à traverser. Pour le traverser cependant, il nous faut nous surpasser plutôt que de nous lamenter ! Cette impression de menace inconnue, il nous faut l’accepter pour la dépasser. Peut-être avez-vous déjà fait l’expérience du désert ? L’impression de se sentir tout-petit dans un univers qui nous dépasse de toute part ! Cette solitude immense, et pourtant habitée ! Le sentiment de la soif, et le bienfait de l’eau !

Ce temps est un désert à traverser. Notre point d’eau, c’est la rencontre du Christ dans la prière personnelle, rencontre qui nous amène à la source : «Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus reculée, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret. Ton Père qui voit dans le secret te le rendra ! »

Comme le Christ, nous sommes poussés au désert ! Et si ce temps de jeûne dans notre pratique habituelle devenait vraiment un temps de purification et de rencontre du Christ dans la prière et la lecture de la parole de Dieu ? Alors, oui, je le crois vraiment, lorsque nous nous retrouverons pour la messe, de chacun de nos cœurs jaillira l’Alléluia de l’Eglise toute entière. C’est avec une joie immense que nous chanterons : « Christ est vraiment ressuscité ! »

Père Albert Gambart