Après avoir mentionné l’Ascension, le credo ne manque pas de préciser que Jésus est « assis à la droite du Père ». Cela pourrait sembler être une représentation humaine difficile à comprendre, puisque Dieu est esprit. Un rapide parcours biblique peut nous aider à entrer dans l’intelligence de cet article de foi souvent négligé.
Remarquons d’abord que l’article du credo est une citation à peu près exacte de l’évangile de Saint Marc (Mc 16,19). Comme dans toute la Bible, la droite n’est pas à prendre au sens propre, au sens local. Il ne s’agit pas d’une droite opposée à la gauche. Mais cette droite désigne la gloire éternelle de Dieu et son pouvoir de juger.
De même, être assis indique à la fois le repos, le fait d’être installé, et le pouvoir royal ou le pouvoir du juge. Lors de l’Ascension, le Christ est entré dans le repos de la béatitude éternelle et incorruptible du Père. Cette même béatitude, dans l’Écriture, est justement appelée « sa droite ». Ainsi dit le Psaume : « A ta droite, éternité de délices » (Ps 15,11). Le Christ est retourné dans cette « éternité de délices » qu’il avait quittée pour s’incarner. Ensuite, il est dit que le Christ est assis à la droite du Père car le Christ règne avec le Père et reçoit de lui le pouvoir de juger. Cela était aussi annoncé par le Psaume : « Le Seigneur dit à mon Seigneur, siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône » (Ps 109,1). Cette parole du Psaume faisait partie d’un rituel de couronnement du roi d’Israël. Mais il s’applique parfaitement au Christ si on le prend dans un sens spirituel : pris dans son humanité par son Père, il assiste celui-ci dans son règne et dans ses jugements.
En quoi cela nous est utile ? En vérité, la session du Christ à la droite du Père est ce qui laisse la place à notre foi. Son absence corporelle doit nous ouvrir à sa présence spirituelle en nous. D’autre part, il porte et entraîne avec lui le corps dont il est la tête dans le Ciel. « Tu es monté sur la hauteur capturant des captifs » (Ps 67,19) : les captifs du démon que nous étions, le Seigneur les « capture » en leur rendant la liberté par la foi. Enfin, tel le grand-prêtre de l’Ancien Testament, le Christ est entré dans le sanctuaire céleste pour intercéder pour nous. Il a fait entrer notre nature humaine au ciel, pour nous combler de ses dons. Demeurons unis à lui qui est au ciel, assis à la droite du Père, pour le trouver au dedans de chacun de nous !
P. Philippe CAZALA