Ce deuxième dimanche de Pâques porte plusieurs noms et il est difficile de s’y retrouver. Appelé deuxième dimanche de Pâques, on l’appelle aussi dimanche de saint Thomas puisque c’est le dimanche après la résurrection de Jésus que s’est produit l’épisode rapporté par Saint Jean. Depuis 2001, il est aussi le dimanche de la fête de la Divine Miséricorde, instituée par saint Jean-Paul II. C’est encore le dimanche in albis, abréviation de l’expression latine « in albis deponendis », puisque les catéchumènes, invités à venir tous les jours de l’octave à la messe, ont déposé leurs vêtements blancs de néophytes après la communion de la messe du samedi. Le deuxième dimanche de Pâques était celui où, pour la première fois, ils assistent à la messe dans leurs vêtements de tous les jours.
Ce dimanche est aussi connu des amateurs de littérature pour le nom qu’il a donné au célèbre personnage de Victor Hugo, Quasimodo. C’est en effet le jour du dimanche de Quasimodo que l’enfant bossu est recueilli par Claude Frollo sur le parvis de Notre Dame. En réalité les deux mots latins quasi modo signifient « à la manière de », « comme ». Ils ouvrent le chant d’entrée grégorien prévu pour cette messe du deuxième dimanche de Pâques et lui ont donné son nom. Le texte de ce chant est tiré de 1P 2,2 : « quasi modo geniti infantes rationabile sine dolo lac concupiscite ». C’est-à-dire, selon une traduction littérale : « comme des enfants nouveau-nés, désirez le lait raisonnable sans tromperie ». Comme il arrive souvent en liturgie, cette version latine du texte n’est pas la version de la Vulgate de Jérôme, mais un texte issu d’une des versions antérieures à la traduction de l’épître de Pierre par le docteur de Bethléem. L’adjectif pour qualifier le lait, « rationabile », « raisonnable », est surprenant : qu’est-ce que cela veut dire ? Si on consulte la version grecque originale de ce texte, on constate qu’il traduit le terme grec logikon, c’est-à-dire « qui appartient au logos », à la Parole. Voilà un beau programme ! Enfantés par le baptême, renouvelé par la pénitence, nous sommes comme des nouveau-nés. Notre désir doit nous porter vers cette nourriture de la Parole de Dieu, la nourriture que constitue le logos. En plus que d’être la Parole elle-même, cette nourriture est « raisonnable » : nous devons pouvoir en rendre raison à tous ceux qui sont encore en chemin vers l’Église. Désirons le « lait de la Parole » !
P. Philippe CAZALA