Je lis l’évangile de ce dimanche, et à propos de ces jeunes filles, une phrase me surprend : «Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent et s’endormirent ! » Prévoyantes et insouciantes, elles sont toutes fatiguées d’attendre et elles s’endorment !
Et nous, ne sommes-nous pas fatigués d’attendre le retour des jours heureux, des jours où nous pourrons sortir librement, nous rencontrer les uns les autres sans risquer de transgresser la loi, des jours nouveaux, où enfin, tous ensembles, nous participerons aux messes qui nous rassemblent ? La véritable attente a ceci de terrible : nous ne savons pas quand elle finit ! Comme dans un combat inégal, nous cherchons d’abord à imposer la fin par la force. Puis, à cause de notre impuissance, nous nous révoltons et entrons en colère, jusqu’au moment où la fatigue aidant, nous déposons les armes, et usés par le combat, nous nous résignons et nous nous endormons !
Quelle est donc l’huile qui brûle en nos lampes ? Quelle est cette huile qui rend le réveil heureux et nous évite de courir dans la nuit ? Quelle est cette huile qui permet de répondre promptement au cri du milieu de la nuit : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ! »
Cette huile, c’est la présence de l’Époux en nos cœurs, en nos pensées, en notre être. Nous endormir ne nous éloigne pas de lui, car il nous est toujours présent, comme dit le psaume 126 : « Dieu comble son bien aimé quand il dort ! ». Et puis au sortir du sommeil, le psaume 17 nous fais chanter : « Et moi, par ta justice, je verrai ta face : au réveil, je me rassasierai de ton visage. »
Cette huile, c’est la foi, l’espérance et l’amour, présence de l’Esprit du Père et du Fils tout au fond de nous. Où la puisons-nous, cette huile ? Jésus nous le révèle : « Toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »
Et si le coup de frein donné à nos vies par un ce virus était l’occasion de nous retirer dans notre endroit le plus secret, de descendre au fond de nous-même et d’y trouver le Seigneur qui nous attend ? Alors, j’en suis sûr, au réveil, nous serons prêts à témoigner de son amour et de sa bonté, à rendre compte aux yeux du monde de l’espérance qui nous anime, à vivre plus intensément nos communions, à rechercher plus ardemment le partage et la paix ! Saint Augustin nous invite à un pèlerinage intérieur lorsqu’il écrit : « Bien tard, je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans de moi, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais ! »
P. Albert Gambart