Il y a des moments où l’on aimerait avoir la force de Jésus. Tout prêtre se trouve un jour ou l’autre bien démuni, confronté à quelqu’un « qui n’a pas le gaz à tous les étages » Il aimerait pouvoir dire comme Jésus dans la page d’Evangile de Marc ce jour : « Silence, sors de cet homme ! » s’adressant ainsi à je ne sais quel esprit dérangé…
Notre petit extrait de Marc est riche d’enseignements tous simples. Jésus dans son interpellation vive – « Sors de cet homme ! » – fait bien le distinguo entre l’homme et la maladie. Il nous en faut du recul, de l’expérience et de la patience pour quitter le marais des peurs et des affections et trouver le terrain plus solide de la bienveillance pour la personne sans être dupe de l’atteinte psychique !
Guérison faite, l’évangéliste nous rapporte : « tous sont dans la stupeur ! » A bien lire le texte, cela ne tient pas seulement au coup d’éclat de la guérison…La foule présente reconnaît un « enseignement nouveau » et une bien réelle « autorité » J’y lis pour ma part une remise en cause de mes attitudes de prêtre. En effet, combien d’apports nouveaux pour des tombereaux de paroles dans lesquelles je reproduis à l’infini des discours entendus mille fois et qui ne parlent plus à personne ? Combien de propos qui se veulent « autorisés » mais sont indigents en véritable « autorité ». Cette notion d’autorité désignant la parole libre, personnelle véritablement, le cœur qui se risque et qui se livre, le témoin de Jésus Christ qui dit sa peine à suivre la voix – la voie – du Maître ?
Seigneur, donne-moi de parler moins. Donne-moi de parler avec toi. Donne-moi de te laisser, par l’Esprit, passer à travers moi et malgré moi !
P. Alexis Bacquet