Tout au long du carême et du temps pascal, en écoutant les évangiles de chaque jour et du dimanche, nous avons entendu Jésus nous parler de son Père et aussi de l’Esprit Saint. Pourtant ce ne fut jamais une démonstration de leur existence et de leur unité, mais seulement une approche pour ceux qui sont habités par l’intelligence du cœur. Jamais le mot Trinité, pas même dans les lettres de Paul, Pierre ou de Jean, n’a été écrit. Et c’est aujourd’hui la fête de la Sainte Trinité.
Combien de fois Jésus nous a-t-il dit que sa Parole était celle du Père et que les œuvres qu’il accomplissait c’étaient les œuvres du Père. Et c’est aussi en lui que nous avons découvert l’amour extraordinaire et réciproque qui est la vie même du Père et du Fils : cet amour vivant qui est le Saint Esprit.
Tout s’éclaire quand nous entendons Jésus envoyer les disciples : « Allez, de toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit…Mt 28,19 » Mais aussi quand nous remontons au livre de la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les créa, homme et femme il les créa. Gn 1,27 »
Puisque l’homme est à l’image de Dieu, il nous faut le regarder, le découvrir, accueillir sa beauté et le secret de sa vie, et ceci malgré les misères, les drames et les échecs en tous genres qui habitent l’humanité. Quand nous entendons le babil d’un petit enfant et que nous assistons à sa rencontre avec ses parents ; quand nous sommes les témoins de l’amour de ceux qui préparent leur mariage ou qui fêtent leurs noces d’argent ou d’or … quand des services s’accomplissent avec cœur, simplicité et dans la durée … quand ont lieu des élans concrets de solidarité universelle… et dans d’autres circonstances, alors se disent des réalités à la fois très humaines et qui dépassent l’homme.
Il y a des moments privilégiés où ce qui est vécu n’est possible que parce que l’homme est déjà associé à la vie de Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Comment le pain et le vin de la messe peuvent-ils devenir ‘Pain de la Vie et Vin du Royaume éternel’, si ce n’est pour cela ? Comment pouvons-nous vraiment appeler Dieu ‘Abba = Père’, ‘avoir reçu un esprit qui fait de nous des fils’, et être ‘héritiers avec le Christ’ (Ro 8,14-17), sans participer déjà à la vie même de la Sainte Trinité ? Malgré toutes les misères qui sont notre lot et auxquelles nous participons, un amour plus grand que nous-même nous habite et se manifeste souvent dans nos sentiments et dans nos actes. Ne serait-ce pas le signe de l’habitation en nous de celui qui fait de nous des fils.
Notre vie est plus grande et plus belle que ce que nous en savons : aimons-la, respectons-la.
Père Bernard BOMMELAER