Pourquoi Saint Jean tient-il à nous raconter l’histoire de Thomas ? Est-ce pour réconforter ceux qui doutent de la foi qu’il a ajouté l’histoire du disciple qui voulait voir et toucher ? Le texte ne nous invite-t-il pas à aller plus loin ?
L’Évangile selon saint Jean n’encourage pas le doute, n’en déplaise à ceux qui feraient une lecture superficielle de cet Évangile. Au contraire ! Thomas se fait réprimander par le Seigneur : « ne sois pas incrédule, sois croyant ». D’autre part, l’évangéliste s’empresse d’ajouter, après le récit, que toutes les histoires concernant Jésus consignées dans l’Évangile y sont mises « pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ». C’est donc se méprendre sur le sens explicite de cet évangile que de penser que l’attitude première de Thomas — un doute qui pose ses conditions a priori sur l’expérience de la résurrection — serait à imiter.
Mais alors, à quoi bon raconter cet épisode ? L’évangéliste aurait pu se contenter de raconter les apparitions de Jésus à ses apôtres et cela aurait suffi. C’est qu’il y a plus dans ce récit. En effet, alors qu’il était absent lors de la première apparition de Jésus, Thomas est présent avec les autres apôtres huit jours plus tard. L’apparition du ressuscité est située dans le temps après Pâques, la semaine suivante. Autrement dit, cet évangile fait partie de ce qui fonde le rythme de la messe dominicale : pour ceux qui, comme nous, n’ont pas assisté à l’événement historique et passé de la résurrection du Seigneur, nous y avons accès de manière éminente, tous les huit jours dans la célébration eucharistique. Cet événement demeure pour nous toujours présent et actuel, mais il nécessite notre foi. Le mystère de Pâques et de la résurrection continue de retentir à nos oreilles, pour que nous croyions en lui sans le voir.
Père Philippe CAZALA