Aujourd’hui, c’est le dimanche de l’unité des chrétiens, le dimanche de la Parole de Dieu, le dimanche de la quête pour les vocations… Les sujets de débat sont nombreux en ce jour ! Il en est un, pourtant, qui n’attirera peut-être pas l’attention qu’il mérite. Il s’agit de la première lecture : le retour d’exil des Israélites et la redécouverte de la Loi. Les fils d’Israël étaient en exil à Babylone depuis la chute de Jérusalem et du royaume de Juda, en 587. D’après la Bible, les exilés ont obtenu du roi perse Cyrus II la permission de retourner à Jérusalem et de reconstruire leur temple. Au milieu du Ve siècle, sous la houlette de Néhémie, le gouverneur, et d’Esdras, le prêtre-scribe, le livre de la Loi – la Tora – est lu en entier aux oreilles des fils d’Israël. Ceux-ci ont besoin d’une traduction car l’hébreu du texte de la Loi n’est plus la langue qu’ils comprennent et qu’ils pratiquent habituellement depuis l’exil : l’hébreu a cédé à l’araméen. Mais voici que la lecture de la Tora fait monter des larmes aux yeux de ceux qui entendent : « ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi ». Dans ces larmes, on peut lire de la mélancolie : alors qu’ils doivent tout reconstruire sur une terre désolée et abandonnée pendant plusieurs générations, les Israélites éprouvent le désir du retour à un monde où Dieu parlait directement à son peuple, la nostalgie d’un âge d’or… Mais Esdras rappelle à son auditoire que la parole qui est lue, elle-même, se donne dans son actualité comme la joie du Seigneur ! Loin de toute mélancolie tournée vers le passé, entrons, nous aussi, dans l’actualité de cette Parole : la joie du Seigneur est notre rempart !
P. Philippe Cazala