« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ! Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne ! » De quelle paix Jésus parle-t-il, au moment où il va subir la violence des hommes ?
Et quelle est la paix du monde dont Jésus parle ? Celle qui provient de l’équilibre de la terreur ? En effet, lorsque je peux infliger à l’ennemi des pertes aussi importantes que celles qu’il peut m’infliger, alors, il ne va pas me provoquer ou m’envahir ! C’est la paix qui naît, par exemple, de la dissuasion nucléaire ! Ou alors, c’est la paix du plus fort ! Comme je suis le plus fort, j’empêche l’autre de parler ou de réagir, et je le menace de m’en prendre à sa liberté ou à sa vie. Si véritablement je suis le plus fort, j’obtiens la paix par l’écrasement ou l’oppression. C’est la paix du tyran ! La paix que la Russie veut imposer à l’Ukraine ressemble à cela. De l’autre côté, la résistance de l’Ukraine exprime qu’il ne peut y avoir de paix dans la résignation ou la reddition devant l’occupant. Les peuples dominés sont-ils en paix ?
La paix que Jésus propose est d’un autre ordre ! Elle est d’ordre spirituel et personnel. Jésus dit ces paroles au moment où s’ouvre pour lui le chemin de la croix, chemin de torture et d’humiliation destiné à casser l’homme, à le discréditer aux yeux de tout le peuple, chemin de violence inouïe et absurde. C’est au cœur de cette tempête que Jésus donne le témoignage de la paix qui l’habite : mort à toute violence, refus de répondre au mal par le mal, bénédiction. Avant son Ascension, Jésus disait à ses disciples : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » Les disciples vont connaître la libération de leur peur, lorsqu’ils recevront l’Esprit au jour de la Pentecôte. De timorés et verrouillés qu’ils étaient, ils vont renaître courageux, joyeux, forts du message qu’ils portent ardemment : « Ce Jésus que vous avez crucifié, il est ressuscité ! » Et ils vont affronter le monde, non dans la domination, mais dans la liberté de la prédication !
Cette paix nous vient de l’Esprit Saint qui nous est donné au jour de notre baptême ! A nous de laisser le don de Dieu, l’Esprit Saint, nous envahir. Nous serons alors porteurs d’un véritable message de paix, message de fraternité, car tous les hommes sont appelés au salut.
Père Albert Gambart