Cela fait des siècles qu’on nous rebat les oreilles avec les trois attitudes clef du Carême : la prière, le partage et le jeûne. Pour le jeûne, avouons-le, nous avons parfois la vue courte, comme s’il suffisait de ne pas reprendre un chocolat pour orienter notre cœur vers Dieu !
Un texte de l’évangéliste Marc peut nous hisser vers une intelligence plus vive. Jésus y déclare : « Rien de ce qui est extérieur à l’homme ne peut le rendre impur, mais ce qui sort du cœur de l’homme, voilà ce qui peut le rendre impur » Pur, c’est ce qui est tourné vers Dieu, impur, ce qui détourne de Dieu.
Vous cherchez comment renouveler votre jeûne ? Cherchez ce qui, dans votre cœur, est désorienté de l’amour de Dieu, et donc impur et risquant blesser les autres. Le remède est simple : supprimer !
Ainsi Mme A, habituée à se répandre sur elle-même pourra jeûner de ses tentations nombrilistes et écouter, recevoir les autres. M. B, qui dans toutes ses rencontres passe en fait son temps « ailleurs » grâce à portable et tablette pourra jeûner de son addiction au virtuel et découvrir la force du présentiel. Mme C, à qui l’on ose plus demander « comment va ? » parce que cela déclenche une litanie de « T’as mal où ? » pourra jeûner de ses commentaires sur pharmacien, kiné et médecin, pour s’intéresser à ce qui est positif chez les autres. M. D, diaboliquement habile dans ses médisances, pourra jeûner de langue vipérine et chercher chez les autres les qualités qu’il adorerait faire grandir en lui. Mme E, qui fait profession d’être une super active toujours débordée, pourra jeûner d’obsession horlogère et découvrir que le monde n’est pas qu’un problème à résoudre mais également une merveille à contempler…
Et toi, quel sera ton jeûne…pour faire du bien aux autres ?
Père Alexis Bacquet