Aller à la messe nous rend-il meilleurs ? C’est une question à laquelle nous sommes souvent confrontés. Si nous sommes tentés de répondre par la négative, peut-être faut-il relire l’évangile de ce dimanche : « Aimez vos ennemis. […] Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment ». Faisons-nous donc mieux que les pécheurs ? En réalité, celui qui a accompli cette parole jusqu’au bout, c’est Jésus, en mourant sur la croix. La messe nous permet non seulement de vivre ce moment où le Seigneur se donne, mais elle nous permet aussi d’y participer.
À la messe, l’audition de la Parole de Dieu, au moment des lectures, suscite en moi la foi, exprimée dans le credo, foi qui me fait reconnaître dans le pain et le vin consacrés, transsubstantiés, le corps et le sang du Seigneur. J’y reconnais l’amour des ennemis : l’amour de celui qui a dit « pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Communier à ce corps, adhérer de toutes mes forces à l’eucharistie ne peut signifier qu’une chose : être pris des mêmes sentiments que ceux du Christ lorsqu’il pardonne à ses bourreaux, c’est-à-dire à tout pécheur.
En communiant à son corps et à son sang, ma vie et mes relations sont placées dans ce même creuset de la passion et de la résurrection du Seigneur. En somme, si nous adhérons vraiment à l’eucharistie, toute notre vie morale doit en être transformée. L’eucharistie et la vie de l’évangile ne font qu’un.
P. Philippe Cazala