Dans l’Ancien Testament, la grande question d’Israël est la suivante : « Dieu demeure-t-il au milieu de son peuple ? » La réponse, souvent répétée, est la suivante : Dieu fait alliance avec son peuple et ne l’abandonne pas à son péché. Le Temple de Jérusalem, où se déroule la liturgie des sacrifices est primitivement le signe de la présence divine dans cette alliance. Il est aussi le lieu où l’on entend sa parole. Le rédacteur du livre de Samuel nous montre que la présence de Dieu, dans ce temple, est vivante, discrète, mais qu’elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Dieu se fait entendre dans son temple. Ainsi le jeune Samuel peut-il prononcer cette parole qui engage toute sa vie : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Oui, Dieu demeure au milieu de son peuple et y fait entendre sa parole par les prophètes.
L’évangéliste est sensible aux questions des disciples de Jean. Lorsqu’ils interrogent Jésus en lui demandant « Maître, où demeures-tu ? », ils reconnaissent en lui cette présence de Dieu que tout Israël attend. La curieuse mention de la « dixième heure », au milieu de l’évangile, confirme cette lecture. Il n’est pas difficile d’y lire, comme il est de coutume dans le quatrième évangile, une allusion à l’ancienne alliance : la dixième heure symbolise les dix commandements. Le temps est venu de les accomplir une fois pour toutes. Jésus accomplit parfaitement la loi. Sa propre personne constitue une réponse à la question d’Israël : par lui et en lui, Dieu demeure au milieu de son peuple.
P. Philippe CAZALA