Pour moi, la Trinité avait autrefois le goût d’une vaste spéculation à laquelle des esprits bornés comme le mien ne pouvaient pas avoir accès. La Trinité faisait partie de ces domaines de la théologie dans lesquels je devais m’inquiéter davantage quand je pensais avoir compris ce dont il était question. En somme, je partais du préjugé, un peu protestant, d’après lequel les Écritures ne font pas directement une théologie de la Trinité. Ma formation m’a permis d’étudier ce que les Pères de l’Église, les théologiens médiévaux et ceux du XXe siècle ont dit de la Trinité. Cependant, je trouvai en eux peu de choses qui nourrissent ma connaissance intime de la Trinité, mais plutôt une manière d’apprendre à la connaître et à en parler de manière rationnelle et raisonnée.
« Le Seigneur est l’Esprit ! » affirme saint Paul (2Co 3,17). Ainsi, nous croyons dans le mystère de la Trinité, nous cherchons à le comprendre uniquement dans la foi et par la foi, celle qui est donnée au baptême et par la révélation historique en Jésus Christ. Le mystère trinitaire n’est accessible que par l’Esprit de Dieu qui se joint à notre esprit. Ce mystère est préparé d’abord dans la Parole du Dieu qui donne une lettre à son peuple en vue de lui transmettre son propre Esprit. Cet Esprit, insufflé en Adam, est livré, transmis, par le Christ sur la croix : « Il rendit l’esprit ». Ainsi, sur la croix, le Christ Jésus nous fait entrer dans le mystère de la Trinité : au moment de sa mort il nous communique la vie que son Père lui donne, comme il le fait à chaque eucharistie, mémorial de la Passion du Seigneur et gage de notre résurrection. L’Esprit, « le Seigneur qui nous rend libres », est intimement Esprit du Fils et Esprit qui nous rend fils et filles. La méditation de la Parole de Dieu elle-même nous fait entrer dans ce mystère trinitaire et nous en donne une connaissance toujours plus profonde.
P. Philippe Cazala